Le 8 octobre 2020. Cette date restera gravée dans ma mémoire un bon paquet d’années. Peut être toute ma vie.
Le 8 octobre 2020, je me faisais opérer. J’allais subir une hystérectomie qui allait me rendre ma vie, celle d’avant. Celle d’avant les fibromes. Car il y a clairement une vie avant et après quand on a des fibromes. On se souvient de notre vie l’esprit libre, tranquille, insouciant, notre vie remplie de féminité, de sexualité, un corps rien qu’à nous. Et là, il faut le partager avec des hôtes pas très sympathiques dirons nous.
J’ai choisi une solution radicale. Je l’assume complètement, je ne fais pas l’apologie de l’hystérectomie, j’en parle clairement comme une délivrance parce que c’était ma solution, mon choix. Mon fibrome était trop mal placé pour une myomectomie et l’embolisation ne me garantissait pas la disparition des saignements et des douleurs. Et j’étais fatiguée. Tellement fatiguée par ces 3 années d’échecs thérapeutiques. Je voulais revivre. Je n’ai jamais eu de désir d’enfants. L’hystérectomie était la plus évidente.
Et jamais je ne la regretterais. Elle a littéralement changé ma vie comme je l’avais tant espéré. Alors bien sûr, tout ne se fait du jour au lendemain, la magie n’existe pas. Je crois qu’avoir des fibromes nous apprend la patience…
Les premiers jours, les premières semaines, des douleurs persistent. Les organes internes viennent prendre la prendre de l’utérus parti et ça peut faire mal. On découvre de nouvelles sensations, on ressent plus ce qu’il se passe à l’intérieur de notre ventre. J’ai dû prendre pendant 2 mois des compléments médicamenteux en fer car j’étais très très anémiée et j’ai redécouvert une forme physique que je ne connaissais plus depuis plus d’un an. Fini la fatigue chronique, la pâleur, l’essoufflement quotidien, la sensation de gravir l’Everest en montant juste les escaliers.
1 an après, fini les protections hygiéniques toujours plus épaisses et cette peur au quotidien de la tache de sang, de la goutte de trop, de cette sensation humide, chaude, épaisse. J’avais gardé dans mes tiroirs encore quelques serviettes et un an après je vais en ranger quelques-unes (pour les copines de passage, on sait jamais) et aller donner le reste à une association luttant contre la précarité menstruelle. Je peux enfin être sûre de ne plus jamais m’en resservir. 1 an après, je ne mets même plus de protèges-slips alors que hors saignements, j’en mettais presque 2 ou 3 par jour.
1 an après, je redécouvre le plaisir de porter de la belle lingerie, de porter des strings ou de jolis tangas. Je peux enfin recommencer à me définir comme femme. Ça prend du temps, ce n’est pas encore gagné. Le fibrome fait plus de mal qu’on ne le croit. Un mal psychologique, quelque chose qui vous grignote physiquement et mentalement. Ce corps qui me fut un ennemi pendant 3 ans, que j’avais dû négliger car aucune force physique pour faire du sport et un dégoût presque. Je réapprends à vivre avec. On s’entend pas trop mal, ce n’est pas encore ça, mais j’y travaille.
1 an après, j’espère pouvoir retrouver une sexualité « normale ». Si j’avais eu beaucoup d’espoir de pouvoir retrouver la Cécile d’avant, j’ai dû revoir mes prétentions. Des nouvelles douleurs avaient fait leurs apparitions lors des rapports sexuels. Des douleurs si violentes que je suis allée plusieurs fois aux urgences gynécologiques où on m’avait vaguement parlé de kystes ovariens liés à l’ovulation. Soit. Pourquoi pas. En juillet, ma gynéco a démenti. Elle ne savait pas ce qu’il se passait. L’IRM n’a rien montré. Ma gynéco m’a conseillé de la kiné uro-gynéco et j’ai pris rdv avec une ostéopathe spécialisée aussi. Je voulais tout faire pour que je puisse retrouver vraiment, à 100% une vie normale. J’ai eu une première séance d’ostéopathie qui fut géniale, j’ai eu un énorme coup de cœur pour la professionnelle qu’on m’avait conseillé et pleine de confiance dans ses compétences. Elle a senti beaucoup d’adhérences. Je croise les doigts. Une semaine avant, j’ai eu mon premier rapport sexuel sans douleurs, ni pendant, ni après. Je croise encore plus fort les doigts.
1 an après, je me retrouve. Je retrouve un sourire, une joie de vivre, des rires, des projets. Tout ça avait disparu. Je me retrouvais petit à petit. Un poids tellement énorme était parti et j’étais plus légère.
1 an après, je me rends compte que j’ai un compagnon formidable, qui ne m’a jamais mis de pression, qui a toujours été à mon écoute, patient, sensible à la moindre douleur et qui a été le plus merveilleux des infirmiers.
1 an après, je ne regrette pas. Bien au contraire.
1 an après, je bénis toujours ma gynéco. Je n’oublierais jamais ce premier rendez vous avec elle. Pas d’examen, juste une écoute et des propositions. Une confiance en elle s’était installée directement et je ne le regrette pas.
1 an après, je vous souhaite à toutes de vous retrouver, quelle que soit la technique, la solution que vous choisirez.
J’ai hâte d’y « passer aussi », ma décision est prise, RDV gynéco tout à l’heure.
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