Avoir mal…

« Mais c’est normal d’avoir mal », « C’est rien »; Qui n’a pas entendu ce genre de phrases de la part d’un médecin ou, pire, de la part de la société toute entière. Est ce qu’on va dire à un patient souffrant d’une maladie coeliaque ou d’une hernie discale chronique que c’est dans la tête et que c’est normal de souffrir ? Non ! Alors pourquoi pour nous, ça devrait être normal…

La douleur d’un fibrome est unique. C’est une douleur lancinante, vicieuse, lourde, qui reste même quand elle part. Elle va vous saisir brutalement, vous tordre en deux pendant quelques minutes, vous arracher les entrailles, vous faire vous broyer le ventre pour l’arrêter et au bout de quelques secondes, ça va passer. Mais vous savez qu’elle va revenir. Quand ? Là est la question.

La sensation de pesanteur, de lourdeur dans le bas ventre arrive très vite. Ce n’est pas douloureux, juste désagréable. Et ça dure généralement quelques jours, quelques semaines. Ça part, ça revient.

On vit rapidement avec elle. Elle devient une partie de nous même, un nouvel organe qui tente de vivre avec nous.

Elle est un hôte hostile, indésirable mais comme un parasite, elle résiste, s’installe même si vous n’en voulez pas.

Après le premier stérilet Yaidess j’ai découvert des douleurs que je n’avais jamais eu. Je me souviens d’un soir où je hurlais chez moi, je hurlais de douleurs, je pleurais, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je sentais mon bas ventre se tordre, des explosions de douleurs irradiaient. C’était vif, fulgurant, violent. Je ne trouvais aucune position qui soulageait cette douleur. Et c’est là que j’ai découvert que ces douleurs annonçaient l’expulsion de caillots de sang. Plus la douleur était forte, plus le caillot était gros. J’avoue avoir pris peur la première fois que j’en ai expulsé un aussi gros qu’un oeuf. Une fois les caillots passés, la douleur s’estompait et partait.

Je suis quand même allée plusieurs fois aux urgences gynéco pour ces douleurs. Je n’avais jamais eu de douleurs de règles ou d’ovulation, c’était nouveau pour moi. A chaque fois, rien de nouveau, rien de mieux ou de pire. Il allait falloir vivre avec apparemment.

Une autre sensation bizarre, pas douloureuse mais pas agréable non plus est apparue un an et demi, deux ans après. Mon bassin, ma région pelvienne se comprimait, se serrait. Cela pouvait durer plusieurs heures, voire plusieurs jours. Généralement cela allait de paire avec les saignements. Je ne peux pas dire que j’avais mal à ces moments là mais j’avais hâte que cela cesse.

A la fin, cela arrivait très souvent en position assise. Dès que je m’asseyais, je sentais toute cette zone se serrer, de mes fesses à mon pelvis en entourant mes hanches. Je pouvais être sûre que quand j’allais me lever, j’allais saigner. Cela majorait encore plus mon obsession du saignement, de la peur de la goutte qui déborde. Car ces douleurs ou sensations signifiaient des saignements abondants voire hémorragiques.

Et on apprend à vivre avec… Et c’est horrible de se dire ça, vivre avec des douleurs, apprendre à les connaitre, à savoir leurs conséquences, quoi faire pour les soulager ou serrer les dents car rien n’y fait.

Parce que, apparemment, c’est normal d’avoir mal…

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